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« choses commencées se parachèveront. O quelle sote daine mutation ! quelles trahisons et cruautés ! (-) »
Au mois d'avril, le comte de Brissac (»), jeune seigneur de grande espérance, fut tué d'un coup de mousquet tiré de la petite ville de Mucidan, en recon­noissant cette bicoque que tenoient les huguenots, ausquels ce seigneur servoit de réveille matin, pour la générosité qui étoit en luy.
Le ii juin, le duc des Deux-Ponts (3) passa de ce siecle en l'autre au pays de Limosin. Ce seigneur alle­mand , prince du S. Empire, après avoir ame, au très grand besoin de ceux de la religion, un brave et puissant secours depuis les bords du Rhin jusqu'aux dernieres limites du Limosin, non sans un extreme danger, et joint son armée à celle des protestans de France, malgré les forces du duc de Guise et du Pape, fut saisy d'une fièvre chaude, causée d'avoir trop bu, et d'avoir trop fait karoux avec les François, pour la joye qu'il avoit de les avoir joints et etre venu à bout de son entreprise, de laquelle fièvre il mourut; pour­quoi fut fait sur sa mort le distique suivant :
Ponssuperantaquas, superarunt pocula Ponton, Febre tremensperiit, qui trtmor orbis erat,
De Vieux - Pont, gentilhomme agé de vingt-cinq ans, fut tué d'une arquebusade à la cuisse, à l'assaut de
(*) Quelles trahisons et cruautés : journée de la Saint-Barthélemy, en 157a. (*)Le comte ie Brissac : Timoléon de Cossé, comte de Brissac, colonel général de l'infanterie française, fils de Charles de Cossé, maréchal de Brissac. —- (3) Le duc des Deux-Ponts: Wolf­gang de Barière, palatin. Il s'étoit distingué dans les guerres d'Al­lemagne.
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